Les Carnets de Blaah

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CSO Durance, la revanche : la Poney prolétaire Académie récolte

Aïoli les canassons,

Le soleil brille, les oiseaux chantent, Vick lutine de la jument et Régis fait la grasse matinée au lieu de devoir manœuvrer le van à 4h du matin pour cause de parking impraticable : pas de doute, c’est le printemps.

Pour qui a connu les épreuves hivernales, les vents glaciaux et les carrières boueuses, ce concours du 5 mai s’apparenterait presque à une partie de plaisir. Mais pour qui connaît bien le Poney prolétaire pertuisien, on sait très bien que rien ne sera si facile et qu’il se produira (au minimum) un merdier infâme qui transformera la matinée en remake de la bataille de Dien Bien Phu.

Par précaution, l’auteur de ces lignes a été soigneusement maintenu à 8 kilomètres du club, après son dernier exploit consistant à sectionner d’un coup de bêche le tuyau qui alimentait tout le centre équestre. Fatalité, si Véro a bien pensé à éloigner les plus bras cassés des bipèdes qui entourent le club, elle ne peut rien contre les accès de mongolisme de nos amis à quatre pattes. Voici donc nos monitrices à 6h du matin en devoir de séparer leurs deux chiens cane corso (95 kg chacun dont 80 de muscles et 10 de bave), lesquels se sont mis en tête de déclencher une petite bagarre matinale, comme ça, juste pour le fun entre le café et le Sodebo du ptit déj.

Quelques ecchymoses et un bon coup de tuyau d’arrosage (réparé) plus tard, le problème canin est résolu et nous pouvons passer aux deuxième cas social de la matinée : Vicky. Car nous étions inconsciemment optimistes : si la ponette embarquait sans difficulté cet hiver, c’est parce qu’il pleuvait comme vache qui pisse, qu’il faisait -25 degrés, et que dans ces conditions, s’enrhumer au parc ou en concours, ça ne changeait pas grand chose. Mais vas-y de là quand il fait beau, toi, tu vas pas me dire que tu serais pas mieux sous le platane avec ton pastis, plutôt que sous les néons à remplir des tableaux Excel ? Bah Vicky c’est pareil, en bonne Provençale, lui demander à bosser un beau dimanche de mai ça équivaut à une déclaration de guerre.

Faute d’existence d’une section Force Ouvrière – Équidés, la jument défend ses droits avec ses moyens : en faisant chier. Le conflit avec le patronat dégénère quand Véro est envoyée en vol plané à travers le parking. Et là, Vicky comprend aussitôt qu’elle a commis LA connerie à ne pas faire. Dans l’œil droit de la monitrice se lit « HATE » ; dans don œil gauche « KILL ». La jument monte ainsi dans le van sans savoir si celui-ci l’emmènera bien au club Durance et pas aux farines animales Sotramo Parola.

Driiing

Au grand soulagement de Vicky, c’est Athénaïs qui l’accueille à la descente du van et pas un boucher en tablier et hachoir à la ceinture. La ponette évite toutefois de croiser trop souvent le regard de Véro, dont le mime « deux doigts devant les yeux / pouce au travers de la gorge » confirme qu’elle n’oublie rien.
Athénaïs, elle, évite de croiser trop souvent le regard de Caro, dont le mime « deux doigts devant les yeux / coup de pied au cul » confirme qu’il serait temps de valider en concours les bonnes dispositions de l’entraînement (méthode citée dans « Ma préparation mentale bienveillante », par Camelus Blaah, aux éditions Michel Fourniret).
Pour des raisons aussi légitimes l’une que l’autre, cavalière et jument jouent ainsi la prudence. Loin de ses fameux démarrages de tarée, Vicky galope aimablement pour franchir sans difficulté les 11 obstacles. Le sans-faute est assuré, mais dans un temps bien éloigné des poneys-mobylettes de la catégorie et de leurs trajectoires en fil de string. Athénaïs marronne certes de cette 7e place, mais dans la mesure où par le passé notre jeune cavalière marronnait surtout de triples refus et de fraises maudites, ce sans-faute marque un jalon nécessaire et important dans sa carrière.

Hips
De manière générale, le Poney prolétaire pertuisien hausse nettement ses standards en concours, à commencer par la tenue du repas de midi. Les olives, le saucisson, les poulets rôtis, les gateaux d’anniversaire, le rosé qui va bien, honnêtement la prochaine fois il faudra juste penser aux boules de pétanque et je pense que nous pourrons être labellisés à la FFE comme « centre équestre de haut niveau ».

Pour peu que les chevaux soient au niveau de l’apéro, on peut directement zapper le CSO de Pertuis et viser les Jeux olympiques. Stacy et Quita sont les premières chargées de remplir la brouette à médailles, en « Club 4 vitesse 65 cm ». Avec un triple refus dès le deuxième obstacle, Quita pose sa grosse climatisation habituelle sur nos espoirs sportifs et, du sabot, vient faire « tope-là » à Vicky, comme pour mieux valider leur ambition de faire regretter à Véro de ne pas avoir plutôt consacré sa carrière professionnelle à l’élevage des bichons maltais. Notre chef bien aimée en a cependant vu d’autres et se contente d’amener Quita à sa cavalière suivante : Estelle, surnommée également « la capitaine » ou encore « la cavalière à surtout pas faire chier ».

Quita tente bien le refus du n°2, mais cela n’a pour effet que d’enclencher le mode « balécouilles on finit le parcours et c’est marre ». S’ensuivent 10 obstacles franchis dans la baston la plus dantesque, chaque saut étant ponctués de mots d’encouragements du type « morue », « sale bête », « truie », « Marseillaise à Cancun », etc. Quita se dérobe et casse des barres à qui mieux mieux, mais achève néanmoins son premier parcours sans avoir commis le troisième refus fatal. Seul reste à gérer un dernier moment de panique de la jument après le n°12 :

  • AHHHH PUTAIN ESTELLE C’EST QUOI ÇA ENCORE !?
  • C’est rien Quita, c’est la cellule d’arrivée.
  • Ah bah m’engueule pas, c’est la première fois que j’en vois une. Et ça sert à quoi ?
  • À dire que t’as fini ton parcours et qu’on est contents de toi.
  • Genre, t’es en train de me dire que si je vais jusque-là sans jeter ma cavalière à terre vous allez continuer à me dire des choses gentilles ?
  • Ya des chances, ouais.
  • Ça a l’air bien, je crois que j’ai bien envie d’essayer.
  • À la bonne heure.

En attendant de voir la nouvelle Quita à l’œuvre, Stacy se voit offrir une deuxième chance sur Vicky. Un tantinet crispé à l’idée que la ponette la gratifie d’un de ses coups de pute surprise, Stacy guide fermement Vicky, ce qui a pour effet d’enchaîner un début parcours au taquet. Stacy a alors le malheur de constater que les choses se déroulent excellemment et commet un relâchement coupable. Devant l’obstacle en forme de fraise. Avec Vicky. A croire qu’elle n’a donc pas lu la Poney prolétaire académie. Je vous jure. À la FRAISE. Vicky sent que le contrôle s’allège, crie « SURPRISE MOTHERFUCKERS » et prie Stacy d’ouvrir à sa santé une nouvelle cartouche d’air-bag. Il n’empêche, quand notre cavalière parviendra à effectuer un parcours complet sur les bases de cette première moitié, il faudra commencer à faire de la place sur l’étagère à trophées.

Aux aaaarmes
En « Club 3 vitesse 75 cm », Estelle retrouve son Opale familière. Ayant débloqué son compteur à trophées cette année, Estelle est bien décidée à claquer de la performance et à décrocher l’un de ces lots chatoyants promis aux vainqueurs (une sucette à l’orange et une photo gratuite). La chance étant de surcroît de notre côté (la barre du 3 qui tremble mais reste en place), les espoirs les plus fous sont autorisés. C’est dans une explosion de joie digne d’un but olympien au Vélodrome que le sans-faute d’Estelle est salué. La liesse est totale à l’exception de ma femme, cette rabat-joie qui m’empêche de craquer un fumigène et demande à Caro de cesser de crier « oh hisse enculé » à chaque fois qu’une concurrente fait chuter une barre.
Suivent immédiatement Oliana et Quita, laquelle accomplit un parcours comme on n’en avait encore jamais vu de sa part. La barre tombée au n°4 est anecdotique : Oliana a officiellement vaincu la malédiction de Quita, qui prouve une fois pour toutes qu’il s’agit bien d’un cheval de saut et non d’un brontosaure psychopathe. Entre Leonardo Balerdi à l’OM et Quita au Poney prolétaire pertuisien, cette saison est définitivement celle de toutes les épiphanies.
Les espoirs de titre perdurent tout au long du concours, mais sont douchés par une série de sans-faute plus rapides dans les tout derniers passages. Peu importe, avec une 4e place finale, Capitaine Estelle peut savourer son tour d’honneur. Et sa sucette à l’orange, donc.

Pschittt
Alors que débute la « Club 2 85 cm », la question qui se pose est : « a-t-on encore assez de jus pour revenir au charbon après tant d’émotions » ? Malgré deux chutes à l’échauffement qui laissent présager d’un certain relâchement, Estelle est en tout cas bien décidée à compléter sa collection de macarons, dans l’espoir d’un nouveau gain mirobolant promis par les organisateurs (je mise cette fois sur un crocodile Haribo et un hand-spinner « votez François Hollande »). Son joli parcours se heurte hélas à la notion de « baralacon ». La « baralacon », c’est cette barre qui tombe alors qu’elle était placée sur l’obstacle le plus anodin du monde, sur une erreur pas particulièrement remarquable. La « baralacon », c’est la crotte de pigeon sur la Maserati, c’est le bouton de fièvre sur Scarlett Johansson, ou comme on dit plus simplement chez nous, la couille dans le potage. La baralacon, en l’occurrence, c’est celle du n°4 qui transforme une 5e place en 15e place.
Dernière de nos concurrentes, Oliana s’élance avec Vicky, dont l’on s’aperçoit qu’il existe un bruit qui la motive davantage que la sonnerie de départ : celui du gilet air-bag qui claque. Comme Stacy plus tôt, voici Oliana envoyée dans les barres au n°3, pas de jalouses les filles, une cartouche chacune joyeux anniversaire c’est Vicky qui régale.

La journée se clôt sur le constat d’une progression entamée pour certaines depuis plusieurs années. Après avoir mangé sable et barres plus souvent qu’à son tour, Estelle commence ainsi à recolter régulièrement prix face à des concurrentes plus haut gradées : un exemple pour les coéquipières plus jeunes qui, nous n’en doutons pas, ne tarderont pas non plus à recevoir macarons, hurlements de joie des tifosi, tours d’honneur et malabars bi-goût.

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Cette entrée a été publiée le 05/05/2024 par .

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